On ne le dénonce pas très souvent, mais le maghreb est un terreau où la négrophobie est un exercice de haute qualité. Les Arabes qui se revendiquent quand ils sont hors de leurs base, de "cousins" des Noirs, dès qu'ils sont chez eux, se livrent au même racisme que celui que l'on rencontre chez les leucodermes en général. Ce cousinage de circonstance affiché en Europe n'est qu'un leurre et une ruse des Arabes que les Noirs doivent pouvoir décéler. Hartani ou AAzi n'est-ce pas comme cela qu'on désigne les Noirs au Maroc, Tunisie etc ? Lisez plutôt ce qui suit.
MATUMBA
Les
Marocains
racistes
des
Noirs.
vendredi
27
mai
2005
Par
Smahane
Bouyahia
Au Maroc, comme dans le reste du Maghreb, le peuple noir est depuis toujours victime de discriminations. Persécutions, agressions, insultes, injures... sont le lot quotidien des hommes de couleur. Pour mieux comprendre ce phénomène, Afrik.com a recueilli le témoignage d’associations, d’étudiants africains et de citoyens marocains.
Un comportement raciste différent
Selon
Pierre
Vermeren,
historien
spécialiste
des
sociétés maghrébines,
il
faut
différencier
le
degré
de
racisme
envers
un
Noir marocain
et
un
Noir
étranger.
"
Il
existe
différentes
catégories
de Noirs
au
Maroc.
La
première
concerne
les
populations
noires endogènes
qui
sont
mélangées
à
la
population
marocaine
et
qui descendent
tout
droit
des
esclaves.
La
deuxième,
est
celle
des populations
noires
du
Sud.
Elles
se
concentrent
dans
des
oasis entièrement
peuplées
d’Africains
noirs,
mais
qui
ne
sont,
en
aucun cas,
mélangées
aux
Berbères
ou
aux
Arabes.
La
troisième,
touche les
Africains
du
Sénégal
majoritairement,
qui
venaient
faire
leur pèlerinage
dans
la
médina
de
Fès.
Enfin,
la
dernière
catégorie,
les étudiants
et
les
migrants
est
celle
qui
est
la
plus
touchée
par
le racisme.
"
Pour
la
plupart
des
Marocains,
le
jugement
anti-négritude
se répercute
à
travers
leurs
comportements
face
aux
étrangers
noirs non
intégrés
à
la
population
d’une
part,
et
(ou)
non
musulmans d’autre
part.
Il
s’agirait
d’un
profond
sentiment
de
supériorité
qui remonterait
à
l’antiquité.
Les
Noirs
esclaves
au
Maroc,
se
comptaient en
centaines
de
milliers
à
l’époque.
Ils
constituaient
pour
certains
le corps
militaire
marocain,
la
garde
civile,
tandis
que
d’autres remplissaient
des
taches
qu’on
leur
attribuait
sous
le
règne
d’Ahmed El
Mansour
Eddahbi
ou
encore
de
Moulay
Ismail
au
16e
et
17e
siècle.
Aujourd’hui,
"
l’esclavage
n’a
jamais
été
aboli
officiellement.
Le protectorat
français,
au
début
du
20e
siècle,
en
a
simplement
interdit la
pratique.
Mais
l’initiative
n’est
jamais
venue
de
la
société marocaine
elle-même
",
rapporte l’historien
qui
nous
renvoie
à l’ouvrage
de
Mohammed
Ennaji,
Soldats,
esclaves
et
concubines
qui, selon
lui,
illustre parfaitement
cette
période.
"Il
est
rare
qu’une
Marocaine
épouse
un
Noir" Pour
Nadia,
une
Marocaine
âgée
de
cinquante
ans,
il
ne
s’agit
pas
simplement
d’un
problème
racial.
"
C’est
plus
profond
que
ça.
C’est un
sentiment
qui
s’est
perpétué
de
génération
en
génération.
Il
est extrêmement
rare,
par
exemple,
qu’une
Marocaine
épouse
un
Noir, même
musulman.
Cela
ne
se
fait
pas.
Le
seul
cas
qui
soit,
à
la rigueur,
‘toléré’,
est
lorsque
l’homme
n’a
pas
les
traits
trop négroïdes.
On
craint
le
fameux
‘qu’en
dira-t-on’
de
la
famille
et/ou
de l’entourage.
La
femme
en
question
entendra
souvent
sa
mère
ou une
proche
lui
dire
qu’il
y
a
‘suffisamment
de
bons
Marocains
pour
ne pas
aller
chercher
un
Noir’
".Selon
les
dires
de
Nadia,
ce
sentiment
serait
monnaie
courante
au Maroc,
et
partout
ailleurs
au
Maghreb.
"
Même
pour
un
homme,
qui en
générale
est
plus
‘libre’
puisque
c’est
lui
qui
transmet
son
nom
et sa
religion
à
ses
enfants,
épouser
une
femme
de
couleur,n’est
pas accepté
par
son
entourage.
Et
c’est
encore
plus
difficile
quand
il
ne s’agit
pas
d’un
ou
d’une
non
musulman.
Les
mariages
mixtes
sont
déjà
très
rares
dans
notre
culture,
alors
avec
des
Noirs
non marocains,
non
musulmans,
ça
n’est
jamais
accepté.
Que
ce
soit pour
ma
génération,
la
génération
de
mon
père
ou
celle
de
mes enfants.
"
Etre
Noirs
au
Maroc
:
le
cauchemar
des
étudiants
et
des
immigrants
"
Le
racisme
le
plus
violent
s’exprime
à
l’égard
des
étudiants
noirs.
A la
cité
Internationale
Universitaire
de
Rabat,
c’est
assez
visible.
Les étudiants
qui
viennent
de
part
et
d’autre
du
continent
africain
pour suivre
leurs
études,
sont
regroupés
entre
eux,
voir
isolés.
Ils
ne partagent
pas
les
mêmes
locaux
que
les
étudiants
‘blancs’ marocains.
C’est
très
communautaire
",
rapporte
Hervé
Baldagai, Secrétaire
Général
de
la
CESAM
(Confédération
des
élèves, étudiants
et
stagiaires
africains
étrangers
au
Maroc). "
Les
conditions
pour
les
Noirs
sont
très
difficiles,
les
insultes
sont régulières.
On
nous
traite
en
arabe
de
‘sales
nègres’,
on
nous ordonne
de
quitter
le
pays,
on
nous
traite
de
‘porteurs
du
Sida’,
on
nous
lance
des
pierres.
C’est
invivable.
Nous
rencontrons
des difficultés
dans
les
administrations,
comme
pour
l’obtention
de
la carte
étudiante
ou
encore
pour
la
Bourse.
Les
étudiants
noirs
retournent
dans
leur
pays
après
leurs
études"
Au
Maroc,
nous
ne
pouvons
pas
trop
en
parler.Récemment,
la chaîne
2M
a
organisé
un
débat
sur
le
sujet.
Le
problème,
c’est
qu’à la
diffusion,
certains
passages
avaient
été
censurés,
notamment
les passages
où
il
y
a
eu
des
plaintes.
Nous
parlons
entre
nous
des agressions
dans
les
rues
mais
c’est
tout.
De
toute
manière,
que voulez-vous
qu’il
se
passe
?
En
général,
à
la
fin
de
leurs
études,
les étudiants
noirs
retournent
dans
leur
pays
d’origine.
Sauf
ceux
qui viennent
de
pays
en
guerre
comme
la
Sierra
Leone,
le
Togo,
la
Côte d’Ivoire,
qui
sont
contraints
de
rester
au
Maroc.
"
En
général,
nous
ne
nous
expliquons
pas
l’attitude
de
certains Marocains.
Je
trouve
pour
ma
part
que
certains
facteurs
doivent
être pris
en
considération.
Le
premier
est
religieux.
Les
Noirs
musulmans sont
moins
persécutés
que
les
Noirs
chrétiens
ou
animistes.
Le deuxième
facteur
est
dû
à
une
méconnaissance
culturelle.
Les
média marocains
montrent
toujours
des
aspects
négatifs
de
l’Afrique subsaharienne
(le
Sida,
les
guerres...),
et
les
Marocains
finissent
par
avoir
peur
de
nous
et
donc
nous
rejettent.
Troisième
mise
en
cause
: l’éducation.
Il
est
courant
aussi
d’entendre
des
enfants
ou
des adultes
traiter
ces
personnes
de
"
hartani
"
(homme
de
second
rang) ou
de
aazi
(nègre).
Les
jeunes
enfants
nous
insultent
devant
leurs parents
sans
que
ces
derniers
ne
les
corrigent
ou
ne
les
grondent.
Enfin,
il
existe,
à
mon
avis,
une
dernière
raison.
Elle
est
politique. Depuis
1984,
le
Maroc
ne
fait
plus
parti
de
l’Union
africaine.
Ce
retrait s’explique
du
fait
que
certains
pays
africains,
comme
le
Cameroun
ou l’Afrique
du
Sud,
ont
remis
en
cause
la
souveraineté
du
Maroc
sur
le Sahara
Occidentale
",
souligne
le
Secrétaire
Général
de
la
CESAM.
"Un
Noir
non
musulman
est
regardé
différemment
d’un
Noir musulman" Etudiant
Congolais
à
l’ESM
de
Rabat
(Ecole
Supérieur
de Management),
Parfait
M’Benzé
Mouanou
suit
actuellement
un
Master en
management
logistique
et
ingénierie
des
transports.
Cela
fait déjà
un
an
et
demi
qu’il
étudie
au
Maroc.
Aujourd’hui,
il
témoigne.
" Les
Congolais
n’ont
pas
besoin
de
visa
pour
aller
au
Maroc.
Seul
le passeport
nous
est
demandé.
Par
contre,
nous
devons
donner
près de
500
euros
de
dessous
de
table
à
l’aéroport
sous
peine
de
se faire
expulser
du
territoire.
A
part
ça,
mon
intégration
se
passe
bien.
Mais
je
dois
avouer
que
j’ai
voulu
repartir
dès
mon
premier
jour
ici. Cela
ne
se
passait
pas
vraiment
comme
je
l’espérais.
Au
Maroc,
on accepte
mal
la
différence
culturelle
et
religieuse.
Un
Noir
non musulman
est
regardé
différemment
d’un
Noir
musulman
par exemple.
Pareil
pour
un
Noir
marocain
et
un
Noir
étranger.
J’ai
vécu en
France
15
ans,
je
suis
également
allé
en
Côte
d’Ivoire,
au
Togo
et dans
beaucoup
d’autres
pays.
Et
je
peux
dire
que
l’intégration
n’est
pas
la
même
ici
(...)
Nous
ne
sommes
pas
si
nombreux
que
ça
au Maroc,
mais
les
Marocains
nous
en
veulent,
car
il
y
a
déjà
pas
mal
de chômage
dans
le
pays
et
ils
n’acceptent
pas
que
nous
puissions prendre
’leurs’
emplois.
A
la
fin
de
mes
études,
je
retournerai
au Congo.
Je
ne
me
vois
pas
faire
carrière
ici.
Vous
savez,
il
fut
un temps
où
les
étudiants
d’Afrique
noire
allaient
suivre
leurs
études
en Côte
d’Ivoire
ou
au
Togo.
Ce
sont
des
pays
plus
proches
de
nous culturellement.
Mais
avec
les
troubles
dans
ces
deux
pays,
nous venons
désormais
au
Maroc
et
c’est
bien
différent.
Je
tiens
toutefois à
souligner
qu’il
ne
faut
pas
généraliser.
Le
Maroc
reste
un
beau pays,
très
ouvert
sur
certains
points.
Des
personnes
nous
ont
très bien
reçus,
très
bien
accueillis.
C’est
vraiment
ces
personnes-là
qui font
la
fierté
du
pays
",
souligne
le
jeune
étudiant.
A
coté
de
lui,
un
jeune
Béninois,
qui
a
souhaité
garder
l’anonymat,
nous
confie,
quant à
lui,
que
les
insultes
font
partie
de
son
lot
quotidien.
Une
timide
prise
de
conscienceAujourd’hui
les
langues
se
délient.
Le
sujet
reste
cependant
très tabou
au
Maroc,
pays
qui
fait
de
l’hospitalité
un
atout
culturel.
Depuis
la
parution
de
l’article
de
Maria
Daif,
dans
le
journal
marocain Telquel,
il
y
a
une
légère
prise
de
conscience.
Amel
Abou
El
Aazm,
est une
des
fondatrices
de
la
jeune
association
Lawnouna
("
Nos couleurs
"),
créée
en
2004
et
située
à
Rabat.
Le
but
de
cette association
est
de
faire
le
pont
entre
les
Marocains
et
les
Noirs
ou les
personnes
venant
d’horizons
diverses.
Selon
elle,
"
la discrimination
dont
sont
victimes
les
Subsahariens
et
les
Noirs
est
un fait.
C’est
assez
dur
pour
eux.
Personne
ne
peut
nier
qu’il
existe
du racisme
au
Maroc,
ceux
qui
le
nient
font
preuve
de
mauvaise
fois. Mais
il
faut
tout
de
même
admettre
qu’il
existe
dans
notre
pays
des Subsahariens
qui
vivent
très
bien.
Ils
ont
compris
qu’il
fallait
avoir une
certaine
attitude
à
adopter
pour
s’intégrer,
notamment
se
mêler à
la
population.
Il
y
a
un
premier
pas
à
faire,
pour
s’adapter
et découvrir
la
culture
de
l’autre
et
la
société
dans
laquelle
on
vit.
Il s’agit
peut
être
d’un
petit
nombre,
mais
ça
prouve
qu’il
y
a
un
moyen pour
que
cela
se
développe.
Et
c’est
le
but
de
notre
association.
Elle peut
aider
les
personnes
noires
à
franchir
les
barrières
qu’elles peuvent
rencontrer.
S’il
faut,
par
exemple,
4
à
5
ans
à
un
étudiant pour
s’intégrer
au
Maroc,
Lawnouna,
veut,
au
travers
diverses activités,
accélérer
cette
intégration
"."
Le
racisme
est
plus
visible
dans
la
rue.
Je
ne
pense
pas
qu’il
y
ait un
seul
Noirs
au
Maroc,
qui
puissent
sortir
sans
qu’on
lui
rappelle justement
qu’il
est
Noir.
Les
clichés
et
les
préjugés
ont
été
nombreux sur
le
peuple
noir.
Il
fut
un
temps
où
certains
les
prenaient
pour
des cannibales,
des
mangeurs
d’hommes.
Il
y
a
aussi
le
fait
qu’il
soit
des descendants
d’esclaves.
Mais
vous
savez,
j’ai
moi-même
passé
quelque
temps
au
Congo,
j’ai
aussi
déjà
séjourné
au
Mali.
J’ai
dû là-bas
dépasser
les
clichés
et
les
préjugés
qui
m’étaient
attribués. En
tant
que
Franco-marocaine,
au
Mali
comme
au
Congo,
je
passais inévitablement
par
l’expérience
du
‘blanc
en
Afrique’.
Ce
sont
des sentiments
ancrés
dans
les
moeurs,
comme
au
Maroc,
ajoute
la jeune
femme."
Officiellement,
rien
n’est
fait
pour
lutter
contre
ce
racisme,
même
si le
Roi
affiche
un
discours
pro-africain
et
rappelle
toujours
l’unité
africaine
dans
ses
allocutions.
Il
faut
se
féliciter
tout
de
même
de
voir que,
de
plus
en
plus
de
festivals
africains
réunissant
des
Peuls,
des Maliens
ont
lieu
dans
le
pays.
Nous
avons
notamment
eu
la
visite
de Youssou
Ndour
(artiste
sénégalais,
ndlr)
",
conclut
Amel
Abou
El Aazm.
Le
débat
est
ouvert.
Et
nous
espérons
que
notre
modeste contribution
participera
à
faire
avancer
les
choses...